Querido Papa Noel, ?podr¨ªas traerme una ciudad limpia?

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Sin duda, a algunos mi petici¨®n les parecer¨¢ rid¨ªcula. Otros no la entender¨¢n. Sin embargo, en esta v¨ªspera de Navidad tengo la esperanza de que se produzca un milagro y si el viejo barbudo no est¨¢ demasiado ocupado con otras cosas, me conceda este deseo (si es que existe... naturalmente). Y no es que yo est¨¦ pidiendo la Luna ... ?S¨®lo quiero que mi ciudad recupere su lustre de anta?o! ?Que sea hermosa de nuevo! ?Que de nuevo est¨¦ limpia! S¨®lo quiero moverme por Dakar sin ser asaltado por toda suerte de olores nauseabundos, por todas esas basuras que, a fuerza de acumularse, han terminado por cubrir nuestras calles; no ver m¨¢s a los adultos arrojar sus desechos en la acera, ni los coches desvencijados, etc¨¦tera. ?Quiero que ocurra un milagro y cambie la ciudad! S¨ª, incluso aunque s¨®lo sea durante una semana o un mes, para que disfrutemos de la experiencia de vivir en un lugar limpio y bien mantenido y quiz¨¢s hasta le cojamos el gusto. Pero en todo caso, esto no puede continuar.

Pero, no me malinterpreten, yo adoro Dakar; el esp¨ªritu de iniciativa de sus habitantes, sentir la ciudad que se mueve, los sonidos, los colores, la mezcla de personas procedentes de todo los rincones del mundo, por no hablar del sol que brilla durante todo el a?o. Es una ciudad donde, a pesar de todo, se puede vivir bien, con sus minibuses coloristas, el mbalakh (m¨²sica urbana local) que se escucha por doquier, las playas que la rodean, las sesiones de sabar (tambores senegaleses) en plena la calle.... Pero toda esta belleza, estos peque?os placeres a disposici¨®n de locales y visitantes, se acaban olvidando y son reemplazados a diario por la sensaci¨®n de que s¨®lo el caos reina en la ciudad.

Desde hace muchos a?os, la recogida y gesti¨®n de residuos dom¨¦sticos y el saneamiento son una preocupaci¨®n constante en Dakar. Con una poblaci¨®n que sigue creciendo a?o tras a?o (aument¨® desde poco menos de un mill¨®n de habitantes en 1980 a dos millones y medio en 2010) debido al ¨¦xodo rural masivo (en un pa¨ªs de 11 millones de habitantes), Dakar es ahora la ciudad m¨¢s poblada de Senegal, con una superficie de 550km2. Esta alta concentraci¨®n de personas en una estrecha franja de tierra son el corolario natural de los problemas de la urbanizaci¨®n y saneamiento, pero adem¨¢s, el mal manejo del Estado a este nivel y su enfrentamiento con el ayuntamiento de la ciudad (gestionado por la oposici¨®n desde las elecciones locales de marzo de 2009) no son lo m¨¢s apropiado precisamente para encontrar una soluci¨®n a la creciente insalubridad. A pesar de numerosas empresas creadas desde 1960 que han quebrado, y de los contratos con las privadas, no es raro que los empleados de basuras est¨¦n en huelga durante semanas y que la poblaci¨®n desesperada termine acumulando desperdicios en medio de la carretera, bloqueando as¨ª calles enteras, con el riesgo de enfermedad a que se exponen...

Incluso hoy en d¨ªa, la basura est¨¢ por toda la ciudad y el Estado, mediante la creaci¨®n en agosto pasado del Soprosen (Sociedad para la Limpieza de Senegal), ha lanzado una nueva batalla con las autoridades locales, quienes seg¨²n los principios de descentralizaci¨®n se ocuparon durante d¨¦cadas del cuidado de la recogida y tratamiento de residuos. Hay que decir que el alcalde de Dakar solo contaba con un presupuesto de 15 millones de euros asignados a esta tarea. Y ahora se encuentra con esta nueva empresa privada.

Lo m¨¢s sorprendente para m¨ª, de todos modos, es el hecho de que no exista en la poblaci¨®n conciencia c¨ªvica ni participaci¨®n en relaci¨®n al tema de la basura, tal como exist¨ªa en los a?os noventa con el movimiento S¨¦t-S¨¦tal (limpio sobre limpio) que a trav¨¦s de las asociaciones de vecinos implicaba a los ciudadanos senegaleses en la limpieza y el mantenimiento de su entorno. En un pa¨ªs como Burkina Faso, la implicaci¨®n de la poblaci¨®n (y de grandes empresas que est¨¢n invitados a apadrinar avenidas) para mantener limpia la ciudad tiene resultados visibles y es por esto que Ouagadougou recibi¨® en 2004 el premio de "Ciudad m¨¢s limpia de ?frica". En Senegal, la politizaci¨®n del sector desde que la mayor¨ªa de los municipios pas¨® a manos de la oposici¨®n, impide avanzar hacia soluciones que aseguren un medio ambiente sano para todos. Pero, por supuesto, no se trata s¨®lo de eso. Educar a la gente sobre el valor de la ecolog¨ªa y los peligros para el medio ambiente de ciertos productos como el pl¨¢stico (y Dios sabe que se usa mucho en Senegal; es uno de los grandes problemas sanitarios en todo ?frica) es necesario. Adem¨¢s de la recogida, abordar el reciclaje de residuos es m¨¢s necesario que nunca.

Pero a la espera de que todas estas cosas estupendas nos sucedan, yo env¨ªo mi carta a Santa Claus que sin duda tendr¨¢ un o¨ªdo bien atento.

Fotograf¨ªas: Sandy Haessner (www.greeneyezdesign.com)

Papa No?l, pourrai-je avoir une ville propre?

Ma requ¨ºte semblera s?rement risible pour certains. D'autres ne la comprendront peut-¨ºtre pas. Mais en cette veille de No?l je garde espoir qu'un miracle peut arriver et que si le vieux barbu n'est pas trop occup¨¦ ¨¤ autre chose il exaucera mon souhait ( ...s'il existe bien ¨¦videmment). Et puis ce n'est pas comme si je demandais la lune moi... Je voudrais juste que ma ville retrouve son lustre d'antan! Qu'elle soit ¨¤ nouveau belle! A nouveau propre! J'aimerais simplement pouvoir me d¨¦placer dans Dakar sans ¨ºtre assailli par toutes sortes d'odeurs naus¨¦abondes, sans ces ordures qui ¨¤ force de s'accumuler ont fini par recouvrir nos rues, ne plus voir des adultes jeter leurs d¨¦chets en pleine rue, voir ces ¨¦paves de voitures, etc. J'aimerais qu'un miracle survienne et qu'il change la ville. Oui, m¨ºme si c'est pour une semaine ou un mois, afin qu'on fasse tous l'exp¨¦rience de vivre dans un cadre propre et bien entretenu et peut-¨ºtre qu'apr¨¨s y prendrons nous go?t. Mais dans tous les cas, cela ne peut plus continuer ainsi.

Ne vous y trompez pas cependant, j'adore Dakar, l'esprit de d¨¦brouillardise des dakarois, sentir la ville qui bouge, ses bruits, ses couleurs, ce m¨¦lange de gens qui viennent d'un peu partout ¨¤ travers le monde, sans parler du soleil ¨¤ longueur d'ann¨¦e. C'est une ville o¨´ malgr¨¦ tout donc il peut faire bon vivre, avec ses cars rapides hauts en couleurs, le mbalakh (musique urbaine locale) qu'on entend partout, ses plages qui l'entourent, les s¨¦ances de sabar ( percussions s¨¦n¨¦galaises) en pleine rue, etc. Mais toute cette beaut¨¦, ces petits plaisirs qui s'offrent aux dakarois et aux visiteurs sont ¨¤ la longue oubli¨¦s et quotidiennement remplac¨¦s par le sentiment que r¨¨gne uniquement le chaos dans la ville.

La premi¨¨re chose qui saute aux yeux de l'¨¦tranger qui visite le S¨¦n¨¦gal quand il descend de l'avion et finit ses formalit¨¦s polici¨¨res, c'est sans aucun doute toutes ces ordures qui jonchent le sol de la salle des bagages en guise de bienvenue. Au devant de l'a¨¦roport, le m¨ºme spectacle s'offrira ¨¤ ses yeux sous la forme de sachets en plastique usag¨¦s jet¨¦s un peu partout, des bouts de papier, restes d'aliments et des tasses en plastique partout sur le sol. Cela malgr¨¦ quelques poubelles plac¨¦es ?a et l¨¤ autour de l'a¨¦roport. Le reste de la ville aussi (¨¤ part quelques endroits pour privil¨¦gi¨¦s, comme toujours) n'a que ce spectacle d¨¦solant de manque d'hygi¨¨ne ¨¤ offrir.

Depuis bien des ann¨¦es maintenant, la collecte et la gestion des ordures m¨¦nagers ainsi que les questions d'assainissement sont constamment au centre des pr¨¦occupations des dakarois. Avec une population qui ne cesse de s'accroitre d'ann¨¦e en ann¨¦e ( elle est pass¨¦e d'environ 944.000 habitants en 1980 ¨¤ 2.500.000 habitants en 2010) ¨¤ cause d'un fort exode rural, Dakar est aujourd'hui la ville la plus peupl¨¦e du S¨¦n¨¦gal pour une superficie de 550km2. Cette forte concentration de populations sur une bande de terre si ¨¦troite a naturellement son corollaire de difficult¨¦s d'urbanisation et d'assainissement et les cafouillages de l'¨¦tat ¨¤ ce niveau ainsi que son bras de fer avec la mairie de la ville (g¨¦r¨¦e par l'opposition depuis les ¨¦lections locales de Mars 2009) ne sont pas pour favoriser une solution ¨¤ l'insalubrit¨¦ de Dakar. Malgr¨¦ plusieurs soci¨¦t¨¦s cr¨¦¨¦es depuis 1960 et qui ont fait faillite, des contrats pass¨¦s avec des priv¨¦s, il n'est pas rare que les ¨¦boueurs aillent en gr¨¨ve pendant des semaines et que les populations exasp¨¨r¨¦es finissent par amasser les ordures au beau milieu de la route, bloquant ainsi des rues enti¨¨res, s'exposant aussi ¨¤ des risques de maladies...

Aujourd'hui encore, les ordures sont partout dans la ville et l'etat du Senegal en cr¨¦ant au moins d'ao?t dernier la Soprosen (Soci¨¦t¨¦ pour la propret¨¦ du S¨¦n¨¦gal) a engag¨¦ une nouvelle bataille avec les collectivit¨¦s locales qui selon les principes de la d¨¦centralisation s'occupaient depuis plusieurs d¨¦c¨¦nnies du ramassage et du traitement des ordures. Il faut dire que la mairie de Dakar ¨¤ elle seule avait un budget de 15 millions d'euros allou¨¦ ¨¤ cette t?che. Elle s'en retrouve priv¨¦e avec cette nouvelle soci¨¦t¨¦.

Ce qui est toutefois ¨¦tonnant pour moi, c'est le fait qu'il n'y ait plus chez les populations cette approche civique et participative sur la question des ordures comme elle a ¨¦xist¨¦ dans les ann¨¦es 90 avec le mouvement s¨¦t - s¨¦tal qui, au travers des associations de quartier, impliquait les citoyens s¨¦n¨¦galais dans le nettoyage et l'entretien de leur environnement. Dans un pays comme le Burkina Faso, l'implication des populations ( et des grandes soci¨¦t¨¦s qui sont invit¨¦es ¨¤ parrainer des avenues) pour maintenir les villes propres a des r¨¦sultats visibles et c'est gr?ce ¨¤ cela que Ouaga re?ut en 2004 le prix de " Ville la plus propre de l'Afrique". Au S¨¦n¨¦gal, la politisation de ce secteur depuis que la majeure partie des mairies est pass¨¦e aux mains de l'opposition emp¨ºche d'avancer vers des solutions qui assureraient ¨¤ tous un cadre de vie sain. Mais bien s?r il n'y a pas que cela. L'¨¦ducation des populations sur les dangers ¨¦cologiques de certains produits comme le plastique ( et dieu sait qu'on en utilise beaucoup au S¨¦n¨¦gal) est n¨¦c¨¦ssaire. Outre la collecte, la question du recyclage des ordures est plus que jamais n¨¦c¨¦ssaire d'¨ºtre abord¨¦e.

Mais en attendant que toutes ces bonnes choses nous arrivent, moi j'envoie ma lettre au P¨¨re No?l qui sans doute aura une oreille plus attentive.

Cr¨¦dits photos: Sandy Haessner www.greeneyezdesign.com