La venganza de los iletrados
VERSI?N EN FRANC?S, DEBAJO
Mbour, ciudad balnearia ubicada a unos 80 kilómetros al sur de Dakar, en la Petite C?te. Son las 17.00 y la playa, inundada durante todo el día por turistas europeos en busca de sol, ve desembarcar hordas de efebos senegaleses, que a diferencia de los vendedores ambulantes que se mueven por este lugar, no tienen estatuillas que ofrecer, ni pareos, collares y otros. Están aquí por el deporte. Y sacan sus cámaras fotográficas para inmortalizar a los atletas de cuerpos sudorosos, cubiertos de arena, con esa fuerza muscular que representa para ellos un sue?o: ser campeón de lucha senegalesa...
Trastocando todos los patrones tradicionales de éxito social, desde hace unos a?os, este tipo de lucha (lamb, en wolof) se ha convertido en una de las practicas deportivas preferidas por los más jóvenes. Yekini, Balla Gaye, Modou L?, Gui Gouye, Tyson, Bombardier, Zoss, Balde Ama, Luc Nicolai, Gaston Mbengue, etcétera, son nombres que han invadido hoy todos los hogares, mercados, lugares de trabajo, la televisión, la radio, la prensa escrita... Nadie puede escapar de ellos. Desde las animadas discusiones sociales hasta los anuncios publicitarios, la lucha levanta pasiones inimaginables y se ha convertido en quince a?os en una industria que mueve millones de euros. Cada luchador que surge de las calles de Senegal arrastra con él a miles de seguidores, tanto y tan intensamente que ahora hasta es común oír hablar de muertos el día después de cada combate...
La lucha senegalesa en su forma moderna (organizada en grandes estadios y en la que los adversarios se dan golpes con las manos desnudas) existe en el país desde hace muchas décadas. Práctica deportiva de aficionados en sus inicios, los luchadores, por un caché de 500 a 1500 euros, llenaron durante a?os los estadios en beneficio de los promotores. La aparición a mediados de los noventa de Muhammad Ndao "Tyson", un joven de Pikine (suburbio de Dakar), representó el comienzo de una nueva era: aquella en que la lucha se convertirá en espectáculo y los combatientes en hombres de negocios. Hoy en día, gracias a su visión, una sóla pelea puede reportar a un luchador más de 150 millones de francos CFA (unos 230.000 euros), por no hablar de los patrocinios y otros ingresos publicitarios. Este repentino interés de los inversores por ella es sin duda la razón de la eclosión de gran número de equipos (sólo en Dakar hay más de una quincena, con una o dos figuras de mayor popularidad) y la afiliación de miles de jóvenes al CNG (Comité Nacional para la Gestión de la Lucha, el órgano rector de esta disciplina).
Sin embargo, la lucha senegalesa, no es sólo un negocio, ni un deporte donde brutos de más de cien kilos se atizan. Cada pelea es también una oportunidad para hacer alarde de folclore nacional, de ciertas prácticas étnicas y locales .... Así, en los últimos a?os, muchos bailes y ritmos han sido creados en honor de los luchadores, quienes incluso se sirven de coreografías para preparar sus bakks: antes de la pelea, cada participante tiene que bailar con algunos miembros de su equipo, dejarse exhibir y coger el micrófono para recordar al público y a su adversario cuando y cómo otros como él fueron batidos.
Los seguidores dan también a menudo prueba de creatividad mientras asisten a estas competiciones. Los domingos de combate (a veces también se celebran en sábados y festivos) son una oportunidad para la alta sociedad senegalesa, una excusa para encontrarse en el estadio, lucirse, mostrar su riqueza mediante la distribución de billetes a la multitud de griots (juglares) que con frecuencia se ocupan de la animación musical ...
Pero la lucha no es solo felicidad. También tiene sus críticos. Uno de los debates que toma forma en la actualidad en la sociedad senegalesa es si los luchadores son modelos adecuados de una juventud para la que hace ya un tiempo, el éxito académico dejó de ser una ambición, un sue?o. El hecho de que la mayoría de los deportistas no sean instruidos (con instrucción europea, diría yo) o procedan de entornos desfavorecidos no juega a su favor y constituye un fuerte argumento para los que consideran que no aportan nada a la construcción de un país pobre como Senegal, y que además, generalmente, son manipulados por los políticos.
Omnipresentes en la televisión y la radio, amados u odiados, hay que reconocer que los luchadores se han abierto camino en Senegal hasta el punto de convertir su especialidad en el deporte más popular y en una forma de reconocimiento social para esos miles de muchachos que invaden las arenas. En la actualidad, representan una clase de nuevos ricos con caches que no paran de subir y patrocinadores llegados de todo el mundo y la lucha misma empieza incluso a atraer a profesionales extranjeros (el ejemplo del francés Fabrice Allouche, ex campeón del mundo de kickboxing quien trabaja con algunos de los equipos desde 2010 como entrenador, así como el de Juan Francisco Espino, de origen espa?ol, que lucha por el equipo de Balla Gaye 2).
Sin embargo, la ausencia de reglas claras (muchas victorias suelen ser impugnadas) y la falta de protección adecuada para un deporte tan violento como la lucha senegalesa retrasa la conquista de otras naciones.
Crédits photos: Skillzography Pictures: http://www.flickr.com/photos/skillzography/
LA REVANCHE DES ILLETR?S
Mbour, station balnéaire située à environ 80 km au sud de Dakar, sur la Petite C?te sénégalaise. Il est 17 heures et la plage qui avait été envahie toute la journée par des touristes européens à la recherche de soleil voit débarquer des hordes de jeunes éphèbes sénégalais. Mais contrairement aux vendeurs à la sauvette qui pillulent dans cet endroit de la ville, ceux là n'ont ni statuettes à proposer, ni paréos, ni colliers ou autres. Ils sont là pour le sport. Sortent alors les appareils photos pour immortaliser ces athlètes au corps en sueur, couverts de sable et portant leur seul rêve à la force des muscles: être champion de lutte...
Bouleversant tous les schémas traditionnels de réussite sociale depuis quelques années, la lutte sénégalaise ("lamb", en wolof) est l'un des sports dans lequel se lancent aujourd'hui beaucoup de jeunes sénégalais. Yékini, Balla Gaye, Modou L?, Gouye Gui, Tyson, Bombardier, Zoss, Ama Baldé, Luc Nicola?, Gaston Mbengue, etc, des noms qui ont aujourd'hui envahi tous les foyers du Sénégal, les marchés, lieux de travail, la télé, la radio, la presse écrite et auxquels nul ne peut échapper. Des discussions animés sur les combats aux spots publicitaires, elle soulève aujourd'hui les passions les plus inimaginables et s'est transformée en une quinzaine d'années en une industrie de plusieurs millions d'euros. Chaque sortie de lutteur dans les rues du Sénégal draine ainsi des milliers de personnes et il est désormais commun d'entendre parler de morts le lendemain de chaque grand combat...
La lutte sous sa forme moderne ( organisée dans de grands stades et où les lutteurs se donnent des coups à mains nues) existe au Sénégal depuis plusieurs décénnies maintenant. Sport amateur à l'origine, les lutteurs ont pendant des années rempli des stades au bénéfice des promoteurs de lutte pour des cachets allant de 500 à 1500 euros. L'arrivée au milieu des années 90 de Mouhamed Ndao "Tyson", jeune lutteur de Pikine (banlieue de Dakar) ouvrira alors une nouvelle ère: celle où la lutte se transformera en spectacle et les lutteurs en hommes d'affaires. Aujourd'hui, gr?ce à sa vision, un seul combat peut rapporter à un lutteur plus de 150 millions cfa (environ 230.000 euros) sans parler du sponsoring et autres revenus publicitaires. Cet intérêt soudain des investisseurs pour la lutte est sans doute la raison de l'éclosion de multitude d'écuries (à Dakar seulement il y en a plus d'une quinzaine avec souvent un ou deux têtes de file plus populaires que les autres) et l'adhésion de milliers de jeunes au CNG ( Comité National de Gestion de la lutte, instance dirigeante de ce sport).
Mais la lutte sénégalaise ce n'est pas que du business, pas qu'un sport où des "brutes" de 100kgs et plus se donnent des coups. Chaque combat est aussi l'occasion de faire étalage du folklore national, de certaines pratiques ethniques ou locales.... Ainsi, depuis quelques années, nombre de nouvelles danses et rhytmes sont crées en l'honneur de lutteurs qui eux-mêmes s'attachent dorénavant les services de chorégraphes pour préparer leurs bakks ( avant le combat, chaque lutteur doit danser avec quelques membres de son écurie, se faire galvaniser et prendre le micro pour rappeller au public et à son adversaire du jour quels autres lutteurs il a déjà térrassé et comment). Les supporteurs aussi font de plus en plus preuve de créativité en assistant à ces combats. Les dimanches de combat (quelques fois aussi les samedis et jours fériés) sont aussi l'occasion pour la haute société sénégalaise de se retrouver au stade, faire montre de leurs richesses en distribuant des billets d'argent à la multitude de griots qui souvent s'occupent de l'animation musicale...
Mais l'aspect de la lutte qui sans doute fascine le plus reste la pratique mystique qui commence souvent des mois avant le combat. Elle a pour but non seulement de protéger le lutteur mais aussi d'atteindre psychologiqument ou physiquement ses adversaires et rendre ainsi la victoire plus facile. Même si l'éfficacité de ces pratiques n'est toujours pas prouvée, les lutteurs investissent des millions afin d'avoir les meilleurs marabouts et gris-gris et avant chaque combat, les voit-on se verser du lait caillé sur la tête, des décoctions noir?tres sur tout le corps ou alors faire des prières aux quatre coins cardinaux, d'autres venir dans l'arène qui avec un serpent, qui avec un chat noir, etc... Bien s?r tout cela est hyper scénarisé à l'image du catch américain et les faits et gestes de chaque lutteur avant le combat transportent les supporteurs dans une hystèrie collective.
Cependant la lutte ne fait pas que des heureux. Elle a aussi ses détracteurs. L'un des débats qui prend forme aujourd'hui dans la société sénégalaise est de savoir si les lutteurs peuvent être des modèles pour une jeunesse pour qui la réussite scolaire a depuis longtemps céssée d'être une ambition, un rêve. Le fait que presque tous ne soient pas instruits ( instruction européenne veux-je dire) ou viennent de milieux défavorisés ne joue pas en leur faveur et constitue l'argument fort de ceux qui trouvent qu'ils n'apportent rien à la construction d'un pays pauvre comme le Sénégal et que bien souvent ils sont instrumentalisés par les politiciens.
Omniprésents à la télé et à la radio, aimés ou détestés, force est de reconna?tre que les lutteurs se sont frayés leur chemin au Sénégal au point de faire de la lutte le sport le plus populaire et une voie de reconnaissance sociale pour ces milliers de jeunes qui investissent l'arène. Ils représentent dorénavant la classe des nouveaux riches avec des cachets qui ne cessent de monter, des sponsors qui viennent de partout et la lutte commence même à attirer des professionnels d'ailleurs ( l'exemple du fran?ais Fabrice Allouche, ex-champion du monde de kickboxing qui travaille avec certaines écuries depuis 2010 comme entra?neur de même que Juan Francisco Espino d'origine espagnole qui combat pour l'écurie Balla Gaye 2).
Toutefois l'absence de règles claires ( beaucoup de victoires sont souvent contestées) ainsi que l'absence de protections adéquates pour un sport aussi violent font que la lutte sénégalaise tarde à conquérir d'autres pays.
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